Mobilités touristiques : les conférences lors des Rencontres du réseau ADN – partie 1

26 Sep 2024

Le CRTL s’est rendu aux rencontres réseau organisées par notre fédération nationale ADN Tourisme avec une quinzaine d’OGD d’Occitanie. Voici ce que nous avons retenu des conférences dédiées aux mobilités touristiques, lors de ces journées riches en échanges et réflexions. 

Rappel du programme
Pour toute question ou réaction, contactez-nous à l’adresse OGD@crtoccitanie.fr 

Gwenaëlle GAULT, Directrice de l’OBSOCO

La directrice de l'Observatoire Société et Consommation est  intervenue lors de cette première journée pour présenter sa vision du tourisme de demain en lien avec les mobilités et les imaginaires qui en découlent.

La mobilité aujourd’hui, où en sont les Français, comment leurs usages et leurs imaginaires évoluent et comment ils se projettent demain ?

La perception de la mobilité en France

“Les Français et la mobilité”, l'étude présentée par Gwenaëlle GAULT, est une compilation d’études accessibles. Elle explore les imaginaires et les contraintes liées à la mobilité pour les Français.

On y observe une dualité très tranchée dans la manière dont les Français abordent la mobilité.  

  • D’une part, l’expérience de mobilité choisie 
    Synonyme de balade, aventure, roadtrip, liberté, nature, vacances, plaisir 
  • D’autre part, l’expérience de mobilité subie 
    Synonyme de bouchon routier, d’horaires, de contrainte, de quotidien, de fonctionnalité
guenaelle gault © ADN Tourisme

“La voiture est identifiée comme une meilleure amie ou un membre de la famille par un quart des français.”  

La place centrale de la voiture 

 La voiture est identifiée dans l’imaginaire des français comme un synonyme de liberté, d’autonomie et d’indépendance. Pour la majorité des Français, savoir conduire est une préoccupation et une compétence à transmettre à leurs enfants.  
90% des français ont une voiture et estime le permis de conduire indispensable. Elle est même identifiée comme une meilleure amie par ¼ des Français.  
C’est aussi une contrainte car 56% estiment ne pas avoir d’autres modes de transport pour leurs trajets du quotidien. 


Vers des véhicules électriques ? 

En 2035, l’UE a voté la fin de la vente de véhicule thermique neuf. Une décision que les Français abordent sans urgence : 73% ne savent pas encore ce qu’ils feront. 
Les études montrent que la perception des véhicules électriques n’est pas encore bonne. 20% en ont une bonne image.


Vers un partage des véhicules ? 

Sans surprise et comme la voiture est un objet presque personnalisé par ses usagers (considéré comme un être humain, un membre de la famille), seulement 10% des répondants s’estiment prêts à partager une voiture. 

Vers un changement dans nos habitudes, sociétés et modèles de consommation ?


La voiture s’inscrit dans un modèle de consommation de masse hérité du Fordisme et du modèle en triptyque du 20eme siècle : Voiture – Résidence Pavillonnaire - Hypermarché.   


Ce modèle atteint aujourd’hui ses limites. Seulement 29% des français estiment que consommer rend heureux et 89% pensent que “changer de mode de vie” est la réponse à la crise. 


Vers une nouvelle société idéale  

L’OBSOCO a interrogé les Français sur leur vision de la société idéale. 3 utopies se distinguent :  

  • L’utopie techno-libérale, centrée sur le progrès technologique et la globalisation (14%)
  • L’utopie identitaire et sécuritaire, en cohérence avec la montée de l’extrême droite, elle est centrée sur une vision conservatrice d’un âge d’or passé, où l’identité permet de se distinguer de l’étranger (31%)
  • L’utopie écologique, centrée sur la sobriété, le ralentissement et l’équilibre écologique et sociale (55%) 


Un frein à l'utopie...

L’OBSOCO a observé que la problématique liée à la baisse du pouvoir d’achat génère de la défiance, de la frustration et un tiraillement. Les Français anticipe d’être de plus en plus contraints.   

“Le tourisme a une carte à jouer pour le bien-être des français !”  

Une évolution de notre rapport au temps 

À travers l’observatoire du vélo, l’OBSOCO a capté une évolution dans notre rapport au temps. Une sensation de fatigue informationnelle, un besoin de ralentir en vacances quand tout va trop vite et une volonté de pouvoir aller vite dans les tâches dites “fonctionnelles” (ex : pouvoir réserver “last-minute”).  

Le temps des loisirs est devenu structurant dans notre société et les écrans très présents, grignotent nos temps de loisirs.  
Des rapports de santé publiques montrent l’importance de pratiquer des loisirs actifs pour une bonne santé mentale. Le tourisme a une carte à jouer pour le bien-être des Français !  


Une évolution de notre société  

La société elle-même change. Le ménage majoritaire n’est plus un couple et 2,2 enfants mais une personne célibataire. Les familles monoparentales sont de plus en plus nombreuses. Ces éléments doivent être pris en compte pour personnaliser les séjours et adapter nos offres à ces “nouvelles clientèles”.  

Les études soulignent le “sacre de l’expérience” de la découverte, des micro-aventures, de la spontanéité et l’envie de consommer en circuit-court.   

En clair, c'est un tourisme en lien avec les dynamiques sociales et sociétales actuelles qui doit se dessiner. Un tourisme qui qui doit répondre à de nouveaux défis, transcendant l'image d'une activité superficielle. 

Laura FOGLIA, The Shift Project

The Shift Project oeuvre pour le développement durable. Il lance des groupes de travail sur des sujets de la transition, il organise des événements favorisant le débat entre parties prenantes, il engage des actions de lobbying vers des décideurs au sens large, et noue des partenariats avec le milieu académique.

Un constat sur l’impact de la mobilité 

La mobilité représente à elle seule 13% des émissions de gaz à effet de serre. Ces émissions ne baissent pas, elles stagnent et croient légèrement, contrairement à d’autres secteurs. Le secteur automobile va à contre-courant de la décarbonation, par exemple, la vente de SUV est passée de 5% à 50% du marché des véhicules neufs en à peine 10 ans. 

« On se déplace en moyenne 50 fois plus loin pour nos activités quotidiennes que dans les années 80 »

« 80% des kilomètres du quotidien se font en voiture »

La mobilité quotidienne (les déplacements que nous réalisons tous les jours pour aller au travail, réaliser des achats, pour les études ou les loisirs) est très émettrice. 80% des kilomètres du quotidien se font en voiture et 95% des énergies utilisées proviennent du pétrole. 

Shift project

Face à ce constat quelles sont les solutions ?

Plusieurs solutions sont possibles pour décarboner la mobilité.

Réduire les émissions des véhicules 

Grâce à la mise en place de systèmes alternatifs à la voiture. 
La voiture fait partie d’un triptyque hérité des années après-guerre : Voiture – Résidence pavillonnaire – Hypermarché.

Aujourd’hui, tout a été créé autour de ce modèle : le stationnement, la voierie, l’imaginaire qui nous fait désirer une voiture. 

Grâce à la mise en place d'une offre alternative qui fasse « système » :

  • Investir et reconfigurer nos espaces pour permettre d’autres usages (vélo, marchabilité) pour pratiquer de manière agréable et sécurisée en zone urbaine et à l’extérieur des zones urbaines.
  • Investir dans les véhicules, les infrastructures et les services à implanter autour de ces usages (toilettes publiques, bancs, casiers, stationnement, voie réservée, etc.)
  • Connecter les différents modes de transport avec de bonnes conditions d’intermodalité et des transports en communs fréquents 

Grâce à la réduction de l’intérêt de posséder un véhicule lourd, puissant et émissif

  • Agir sur le système fiscal et règlementaire pour réduire l’intérêt d’acheter ou de posséder et utiliser une voiture de ce type.
  • Agir sur le stationnement et l’espace public pour réduire l’intérêt d’utiliser la voiture au profit de véhicules bas carbone. 

 Réduire les distances parcourues 

Favoriser la possibilité d’habiter près de son lieu de travail ou en d’autres termes, permettre aux lieux de travail d’être plus proche des habitations en : 

  • Permettre l’installation des populations près des centres habités
  • Créer des densités suffisantes pour attirer des services de proximité
  • Revitaliser les centre-bourg et centre-ville pour les achats et les loisirs
  • Arrêter l’artificialisation des sols
  • Envisager le télétravail. A noter : le télétravail peut être une fausse bonne idée car les entreprises peuvent s’implanter plus loin que les centres habités et donc rallonger les trajets des salariés lorsque ceux-ci doivent se rendre au siège. 

En résumé ?

Imaginons un futur où les déplacements seront plus actifs, les trajets moins lointains et l’espace public, à taille humaine, à disposition des gens pour échanger et profiter de la vie !