Quand les habitants deviennent prescripteurs…
Le dérèglement climatique interroge sur des alternatives pour aménager son territoire à l’ère de la sécheresse. Confrontée à ce changement de paradigmes, la commune de Sorède s’est emparée de la question par le biais de la participation citoyenne en élaborant le projet « Embellir sans fleurir ».
Sorède est une commune de 3200 habitants située dans le département des Pyrénées-Orientales (66). Elle est bercée par la culture de la concertation publique et l’histoire catalane. Ces traditions très fortes font partie du patrimoine du territoire, qu’il met un point d’honneur à protéger et à perpétuer. Car c’est ce passé symbolique qui nourrit l’harmonie de la commune. Une harmonie matérialisée par les initiatives citoyennes, qui sont encouragées dès le plus jeune âge.
En effet, si la création du Conseil Municipal des Enfants a été mandaté en 2011 par la collectivité, ce sont bien les anciens participants à ce conseil, voulant prolonger l’expérience, qui sont à l’initiative de la création d’une Commission communale des jeunes.
C’est dans cet environnement contributif que, lorsque les problèmes de sécheresse ont commencé à réellement entraver la bonne gestion des espaces verts, l’équipe municipale a choisi de solliciter les habitants à la recherche d’alternatives pour conserver un territoire accueillant. En inversant la démarche et en demandant aux habitants ce qui peut être mis en place pour continuer à faire vivre les lieux est né le projet « Embellir sans fleurir ».
Alors, à l’aide de matériaux de récupération et en recyclant le mobilier urbain déjà existant, les habitants de la commune ont réussi à (re)créer des lieux de vie publics agréables, ornés et surtout écoresponsables. Une véritable remise en forme de la ville qui traduit sa singularité et sa cohésion.
Un tel projet ne peut aboutir que si l’écologie et le développement durable sont pleinement intégrés aux politiques territoriales. C’est ce que la commune de Sorède met en place depuis 2010 déjà avec leur Agenda 21, qui leur permet de revendiquer une réelle expertise en termes de réglementations environnementales, avec notamment un plan de sobriété énergétique ou de gestion de l’eau.
Mais bien au-delà de son expertise c’est son habilité à se réapproprier le sujet du développement durable en le plaçant sous l’angle du local qui montre la force de ses initiatives. Un tel projet ne peut être portée que par l’association de l’équipe municipale, des habitants et surtout des services techniques ; qui ont trouvé la recette magique pour sensibiliser en préservant.
L’association de tous ces acteurs permet à la commune de Sorède de réussir le pari de faire s’embrasser politiques environnementales, financières et sociales, et aboutir à un projet cohérent avec les besoins du territoire. Tout cela sans solliciter d’aide financière, humaine ou même technique extérieure, réussissant à faire mieux avec l’existant, sans engendrer de dépenses supplémentaires.
En outre, cette « inversion de la démarche » avec des propositions émanant de la population permet de fédérer autour d’un projet consciencieusement réfléchi, de créer une véritable communauté et de faire vivre le territoire par la socialisation.
Ainsi c’est la synergie des différents acteurs du territoire (agents communaux, écoles, association, …) qui crée une dynamique territoriale, avec la volonté que chacun puisse participer au fonctionnement de la commune, et se réapproprier son propre lieu de vie.
L’équipe municipale a bien compris la nécessité d’une communication plurielle, continuelle, à destination de toute la population et qui met l’environnement au cœur de son programme. La commune possède plusieurs canaux de communication aussi bien au format numérique que papier : bulletins municipaux annuels, trimestriels, feuillets thématiques, affichages à l’entrée du village, animation du site internet et des réseaux sociaux. La multiplication des canaux permet une animation constante du territoire et ainsi de maintenir l’esprit de communauté.
Cette communication concerne notamment les modifications territoriales, qu’il est indispensable d’expliquer et de justifier aussi bien en amont et qu’en aval. Elle doit être emprunte de médiation car elle joue certes un rôle de justification, mais aussi de jonction entre citoyens, agents communaux et équipe municipale.
Un tel dispositif doit s’ancrer dans la pérennité et se réajuster peu importe la période, car il permet incontestablement une approche pédagogique de l’environnement. Sorède met donc un point d’honneur à continuer ce travail pendant les saisons et années à suivre et envisage même de dupliquer l’expérience à d’autres quartiers : «C’est un projet en perpétuel renouveau. Nous avons commencé cet été face à la sécheresse, mais nous continuons l’opération pour qu’à chaque saison, les décorations changent (printemps – Pâques, été, automne, Halloween, Noël). »
Finalement, ce que la commune de Sorède pointe du doigt c’est le succès d’un modèle qui intègre et place les habitants au cœur de la stratégie communale, réussissant à améliorer significativement la qualité de vie sur le territoire.
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